A la façon d’un calendrier de l’avant, nous souhaitions partager avec vous des parcours de porteur·se·s de projets accompagné·e·s par le Crefad Loire en 2023.
Cette semaine, nous donnons la parole à Ana Weber, illustratrice, que nous avions accueilli en service civique d’initiatives et qui a suivi la formation « S’outiller pour créer son entreprise de l’ESS » en mai et juin 2023 pour mûrir son projet de livre jeunesse illustré.
« Après un parcours de formation dans le travail social, j’ai décidé de me réorienter vers un métier d’expression, de partage et de création, étant depuis toujours attirée par les pratiques artistiques. Je souhaitais aussi rendre visibles les personnes en difficulté ou sortant de la norme, ainsi que les
manquements de l’État concernant le social.
J’ai décidé de devenir autrice illustratrice il y a 3 ans.
J’ai mis du temps à cerner ce métier, et de ce qu’il fallait déployer pour pouvoir en vivre. J’ai
idéalisé pendant presque 2 ans cette profession en m’imaginant créer seule chez moi de petites
histoires et en pensant que comme par magie on allait me contacter sans que jamais je ne
présente mon travail ou très peu. Je me suis installée dans une sorte de déni, que je pourrais vivre
de ce métier en restant cachée chez moi. Sachant que la communication de son travail, la
recherche de commande, et la rencontre avec différents partenaires doit prendre environ 30 à
40% de notre temps. Je suis une personne assez anxieuse, j’ai l’impression de ne pas être
légitime pour être appelée illustratrice. Rencontrer des gens c’est déjà pas évident, dans le cadre
professionnel c’est vraiment très éprouvant mais en plus montrer mon travail et le « vendre » c’est
presque mission impossible.
L’année dernière j’ai réalisé qu’il fallait vraiment me pencher sur ma façon de faire et sur une
méthode de création « d’entreprise ». J’étais déjà en lien avec l’équipe du CREFAD qui m’avait
accompagné pour un service civique d’initiative. C’est à ce moment là que Maud m’a proposé cette
formation qui me permettrait de construire ce projet ou du moins de comprendre les étapes
nécessaires à sa réalisation. J’ai pu participer à cette formation notamment avec l’argent
accumulé sur mon compte de formation CPF.
En petit groupe, nous nous sommes retrouvées pendant un mois et demi une à deux journées par
semaine. On a repris les bases dès le départ, pour savoir ce qui nous importait dans nos projets,
où on en était, quels étaient nos obstacles. On a abordé les différents statuts d’entreprises et
d’associations, afin de trouver le plus adapté à nos besoins, ainsi qu’un peu d’histoire
concernant les différents statuts, leurs créations, leurs avantages, inconvénients. On a aussi
réalisé des études de marché, étudié les moyens de communication de notre travail. On a
rencontré plusieurs entrepreneurs et artistes qui nous ont parlé de leur expérience, on est allées
une journée à TEM PRESS pour parler d’identité visuelle.
C’est une formation très complète qui m’a poussé à fouiller sur des sujets et obstacles qui seule
me semblaient complexes voir insurmontable. C’est une formation qui m’a un peu remuée, au vue
du travail qu’il me restait. Mais il me semble que cela m’a vraiment été nécessaire pour avancer et
l’ambiance de la formation était vraiment chaleureuse.
Aujourd’hui j’ai une sorte de « plan d’attaque » pour devenir autrice illustratrice. J’ai enfin fait le
compromis d’avoir un autre travail à côté ( job alimentaire, ou variante de mon métier comme
professeure d’arts plastiques ) parce que je suis dans une situation vraiment précaire. J’ai donc
un entretien prochainement pour être surveillante de cantine. J’arrive peu à peu à communiquer
autour de mon travail. Néanmoins, mon anxiété reste bien présente et cela me freine beaucoup.
Je ne veux en aucun cas abandonner ce projet, j’ai donc décidé qu’à long terme il faudrait que je
donne des cours. Même les illustrateurs très connus se retrouvent obligé d’avoir des activités
secondaires, puisque pour avoir 1500€ par mois un illustrateur devrait réaliser une dizaine de
livres par an… , ce qui n’est pas envisageable. N’ayant pas de diplôme d’arts l’on m’a refusé des
cours pour enfants en MJC. De toute façon je ne me sentais pas tout à fait prête. Par contre je me
suis lancée le défi d’animer un atelier d’arts plastiques pour adultes une fois par mois à la
Brouette, son cadre bienveillant me permet de prendre confiance en moi.
J’ai envoyé le dossier de mon premier livre jeunesse il y a plusieurs mois, l’attente est longue. Le
milieu de l’édition est un milieu assez cruel, beaucoup de refus ou de non retour. Je m’accroche à
ce que j’aime en espérant qu’un jour ça aboutisse, j’ai appris à être patiente.
Voici mon Instagram si vous êtes curieux : @LA_PTITE_SAUVAGEONNE
Ana »
Vous pouvez suivre le travail d’Ana sur Instagram : @la_ptite_sauvageonne
Ou encore à la Brouette, lors des ateliers d’arts plastiques qu’elle anime le premier mardi du mois de 18h30 à 20h30